Près de 200 000 français sont des joueurs excessifs et 400 000 d’entre eux présentent un risque modéré de jeu problématique, révèle la toute première étude de prévalence sur les niveaux et pratiques des jeux de hasard et d’argent en France et les problèmes et conséquences liés à l’activité.
L’étude a été réalisée au cours de 2010 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) sur des données nationales issues du Baromètre santé 2010 de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.
Les joueurs excessifs représentent 0,4% de la population française majeure et « 1,3% des joueurs dits problématiques », alors que ceux à risque modéré représentent 0,9% de la population française de plus de 18 ans.
Les jeux les plus pratiqués par les joueurs actifs (ayant joué au moins 52 fois et/ou a misé au moins 500€ au cours des 12 derniers mois) sont les jeux de tirage et de grattage, pour lesquels un apprentissage n’est pas ou peu nécessaire. En troisième position se trouve le PMU avec 23,2% de l’activité de jeu des français ; puis les machines à sous, le Rapido, les paris sportifs, le poker (8 %) et les jeux de table. Un peu moins d’un joueur actif sur dix (9,1 %) aurait joué sur Internet, le marché n’ayant pas été régulé à la date de l’enquête. Environ 45% des joueurs actifs en ligne au moment de l’enquête avaient de moins de 35 ans et étaient huit fois sur 10 des hommes (81,6 %).
Pour le jeu excessif, l’étude explique que « la différence par sexe s’accroît avec l’intensité du jeu : les joueurs excessifs sont encore plus souvent des hommes que les joueurs actifs (75,5 % vs 62,7%) ; ils sont également plus jeunes (41 vs 47 ans). La gamme de jeux qu’ils pratiquent est plus large que celle des joueurs actifs sans risque et ils jouent plus souvent sur Internet. Enfin, ils misent davantage : près de la moitié (47,0 % des joueurs excessifs) dépensent plus de 1 500 euros par an contre 7,1 % pour l’ensemble des joueurs actifs. »
« Les joueurs excessifs se distinguent également par leur précarité financière et leur faible niveau d’études : 57,8 % déclarent un revenu mensuel inférieur à 1 100 euros (contre 34,7 % chez les joueurs actifs) ; et plus d’un joueur excessif sur trois ne possède aucun diplôme (36,3%). »
La consommation d’alcool, de tabac et de cannabis est davantage retrouvée chez les joueurs excessifs que parmi l’ensemble des joueurs actifs ou en population générale. « Ainsi, chez les joueurs excessifs : 26,3 % ont un risque de dépendance à l’alcool (contre 3,2% en population générale). La part de fumeurs quotidiens est de 64,2 % parmi les joueurs excessifs, alors qu’elle est de 29,7 % en population générale. Enfin 6,1 % des joueurs excessifs déclarent avoir consommé du cannabis au cours du dernier mois (vs 4,4 %. en population générale). »
S’il est difficile de comparer la France à d’autres pays du fait de « la diversité des tests de repérage du jeu problématique utilisés », l’étude permet de constater qu’avec une prévalence totale de 1,3 % pour le jeu dit problématique, « l’hexagone se classe à un niveau relativement bas par rapport aux autres pays ayant mené ce type d’enquête, loin derrière les Etats-Unis ou l’Australie (autour de 5 %) mais également en retrait par rapport à l’Italie, le Canada, la Belgique et la Grande Bretagne plutôt aux alentours de 2% ».